« consensus ab initio » et consensus « ad finem » : les deux formes du consensus

Puisque la nation est « l’union d’un peuple autour des principes indéfectibles de liberté, d’égalité et de fraternité », il importe, disent les députés,  que ses représentants aient à cœur de « jeter des passerelles d’un bout à l’autre de cet hémicycle », de « dépasser les frontières partisanes », de « transcender les clivages partisans », de « construire un espace républicain commun », bref de se « rassembler ». D’où ces appels à consensus qui – presque à chaque débat – viennent en contrepoint aux affrontements et manœuvres en tous genres qui constituent le quotidien des débats.

Mais, vouloir le consensus est une chose, mettre en œuvre un consensus du vouloir en est une autre.

Car,  alors, il s’agit de « faire apparaître de manière claire les différences entre les sensibilités politiques » ( et que « nos électeurs ne nous confondent pas » !): « Quand cesserez-vous de chanter ce refrain selon lequel il n’y aurait qu’une seule solution : la vôtre ?  Quand accepterez-vous qu’une confrontation des projets pour nourrir le débat démocratique ? ». Le consensus se construit « au-delà  des divergences », c’est-à-dire « à partir du » point de non-accord. Et, s’il revient à la majorité de « trancher » ( provisoirement, car, en dernière instance, ce seront les électeurs qui trancheront lors des échéances électorales à venir ), ce sera après que chacun  ait  essayé d’«apporter sa pierre au débat », de « faire converger ses efforts » pour « essayer d’avancer ensemble » et de faire en sorte que la loi qui va sortir des débats puisse « mieux marcher sur ses deux jambes ».

Un tel consensus ne saurait être une simple évocation des « fondamentaux » – les « principes », les « valeurs » qui fondent la société. Ni un « no man’s land » entre belligérants, une terre pacifiée – pas si fiable ! – qui ne serait plus terre d’homme et de combat. S’il existe un centre qui soit point de convergence, ce dernier ne saurait être situé  dans un paradis intemporel : l’état d’apesanteur n’existe pas en politique ( la prison du Val sans Retour a beau être une prison dorée … ce n’en est pas moins une prison.).

Au « consensus ab initio »,  posé dès le départ, comme une évidence et qui s’avère, dans les faits, souvent, comme un consensus d’évitement,  j’opposerai un « consensus ad finem » , qui est un consensus de débat, de confrontation, de tension – « à seule fin » de tenter de résoudre les problèmes qui se posent au corps des citoyens et de créer des conditions favorables au « vivre ensemble ».