[À propos du déroulement des débats]
D’un côté … la confrontation systématique – camp contre camp, idées contre idées, programme contre programme, mots contre mots … les désaccords, les conflits, les affrontements … la mise en avant de ce qui divise, de ce qui oppose … la recherche effrénée du rapport de forces, la lutte, la rivalité érigées en principes de débat, les dialogues de sourds, le mutisme méprisant, la provocation …
De l’autre côté … l’envie d’aller au fond du problème, sans nier les divergences, mais aussi sans refuser les convergences …
D’un côté … les arguties de procédure, les blocages , les empêchements en tous genres … le vilain mot – la vilaine bête – qui a nom « obstruction » … au risque du ridicule, de la « bêtise », du non-sens, de l’absurde …
De l’autre côté … la discussion, le dialogue, l’échange d’arguments … ou, à tout le moins, la « demande de débat » … la « volonté de faire vivre la démocratie parlementaire » …
D’un côté … les attaques personnelles, les invectives, les moqueries, les « vacheries » (« c’est la loi du genre ! ») …
De l’autre côté … les sourires … les histoires, le jeu, le bon mot … le zest d’« autodérision » qui efface des propos trop amers … la touche d’humour qui met fin aux (mauvaises) humeurs … et calme les ardeurs belliqueuses …
D’un côté …le mépris … le procès d’intention, de mauvaise foi, d’incompétence, de « tartufferie », de surdité … ou d’impuissance …
De l’autre côté … l’estime, le respect, la courtoisie, la reconnaissance de celui qui ne pense pas comme toi … mais qui partage la même bonne volonté, la même envie de trouver une solution aux problèmes qui viennent en débat …
D’un côté … l’ambiance survoltée d’un « meeting » … le « bazar » … le « chahut » …
De l’autre côté … la patiente et longue quête du consensus … la fierté d’avoir dit et fait ce qu’il fallait dire, ce qu’il fallait faire … le « vent de grâce » qui permet d’aller plus loin dans le débat … et, si possible, de trouver la voie féconde …
D’un côté … le paroxysme, la conflagration, l’orage, la tempête, le déferlement de la houle rugissante …
De l’autre côté … la décrue …les regards blafards, le café-crème au petit matin … la « paix des braves » … le pow-wow … le repos du guerrier …
D’un côté … la violence … l’autre vu comme un ennemi …
De l’autre côté … l’autre vu comme un adversaire … et le plaisir de partager quelque chose de son pays ou de ses passions (honni soit qui chasse y pense !) … et l’absolue nécessité du « vivre-ensemble », du « dire-ensemble » …
D’un côté … l’affirmation des différences, les contradictions poussées à l’extrême … au risque de l’éclatement … et de la désagrégation …
De l’autre côté … la volonté – la nécessité ? – de trouver un terrain d’entente avec cet autre, qui nous échappe de plus en plus au fur et à mesure que nous le côtoyons, que nous co-habitons … au risque du « café du commerce » ou du corps de garde …
D’un côté … l’irrésistible besoin de se distinguer, d’affirmer coûte que coûte son identité, son appartenance …
De l’autre côté … l’irrésistible besoin de reconnaissance, d’être reconnu par l’autre … de créer des « solidarités » …
D’un côté … le déni de l’autre …
De l’autre côté … la connivence, la complicité, la sympathie …
D’un côté … les pulsions de mort, la mise à mort (« Vous nous auriez abattus, tel le matador égorgeant le taureau!»)
De l’autre côté … les pulsions de vie .. la volonté de faire vivre l’Assemblée … en dépit de tout ce qui, à l’intérieur comme à l’extérieur, l’entraîne vers un déclin que certains jugent inexorable … en d’autres termes, « l’Assemblée quand même » …
Le groupe – Assemblée serait-il un « Janus » à deux têtes (une devant, une derrière … une à droite, une à gauche ) – maniant avec la même aisance, le sceptre, le balai … et la serpillière ! (« A chacun de balayer devant sa porte ! …/ Vous, vous avez une porte cochère ! Il vous faut un grand balai ! ») … tout à la fois maître du feu et de la loi … servante au grand cœur et à la grande gueule … porteuse, faiseuse, diseuse de vie … femme de mauvaise vie, de mauvaise réputation … objet de vénération et de mépris … Dieu et guenon ?