Manifestement il y a dans le débat – en débat – quelque chose d’« irréel » et de « virtuel » … quelque chose de « virtuel » et de « mythique » … quelque chose de « mythique » et d’ «imaginaire » …
Manifestement, il y a dans le débat – en débat – quelque chose d’ «irrationnel » … quelque chose de «magique» … quelque chose de … « merveilleux» … (« Pour les Français, la Sécu est une bonne fée, un privilège, un système merveilleux et unique au monde. ») … quelque chose qui apporte « un peu comme un supplément d’âme » … quelque chose de … «poétique» ( et, comme chacun sait, « le poète … » a toujours raison » » !)
Manifestement, il y a dans le débat – en débat – quelque chose … de « symbolique» (« La politique est [aussi] faite de signes et de symboles » … « Il faut envoyer un signal, marquer solennellement et symboliquement dans ce texte l’attachement du Parlement à la reconnaissance de ce principe … ») … quelque chose… d’« emblématique » … quelque chose de « symbolique» et d’«emblématique » (« La retraite à soixante ans est une mesure forte et symbolique. Elle est emblématique d’une conception de la société, à tel point que personne n’ose aujourd’hui la remettre en cause frontalement. ») … quelque chose, à la manière du droit d’asile, de « symbolique » , d’ « emblématique » et de « sacré » … ou, à la manière de l’article 1er de la Constitution (selon lequel la République est « indivisible et laïque »), quelque chose de « sacré, merveilleux, emblématique » .
Manifestement, il y a dans le débat – en débat – quelque chose … de « mystérieux » (« [Quel est donc] ce point secret, mystérieux, sans doute insaisissable qui est la marque de chaque société [et que] que la modernité, par ses assauts sans cesse renouvelés, tente de gommer ou d’éliminer ?») … quelque chose de … de «mystérieux et surnaturel » … quelque chose de «spirituel » (« Oui, la nation, si je reprends la définition de Renan, reste un principe spirituel ».) … de « philosophique et spirituel » … quelque chose de « religieux» … et de « mystique » (Combien de fois les députés ne citent-ils pas la phrase de Péguy : « Tout commence en mystique et tout finit en politique. » !)
Manifestement, à l’image de la « Sécu » (cette « bonne fée », ce « système merveilleux et unique au monde ») , il y a dans le débat – en débat – quelque chose … de « sacré » :
« La Sécurité sociale n’est pas seulement un pilier de la cohésion sociale, elle en est aussi un grand symbole, qui nous renvoie à ce qu’il y a de plus commun entre les hommes : la maladie, la souffrance et la mort. Touchez à ce sentiment d’absolu et de fragilité, et vous touchez au sentiment fondateur de l’égalité. […] Nous touchons, si j’ose dire, au sacré. »
Manifestement, il y a dans le débat quelque chose comme une liturgie, comme une litanie, comme une procession … procession d’expiation avec le « chemin de croix » … procession du « re-nouveau » (les « rogations » / (Le « chemin de croix de la démocratie » (1) / quatrième station : la litanie du « re … ») quand, au temps du « printemps électoral », la politique est – comme le disait si joliment ma marraine, lorsqu’elle nous annonçait une naissance dans la famille – « en espoir » … quelque chose comme une messe (« A l’entrée de la clôture était la chapelle où les prisonniers pouvaient tous les jours entendre la sainte messe » / Le « VAL sans RETOUR » (1) : le récit ) … « Ite, missa est ! » … « Amen ! » … « Alleluia ! » ……
Manifestement, il y a dans le débat … quelque chose comme … l’« arbre à palabres », le grand « pow-wow » au cours duquel on évoque les ancêtres et on fume le calumet de la paix … quelque chose comme une épopée, comme une chanson de geste – avec, en arrière-fond, roulements de tambours avant la bataille, plaintes et pleurs des femmes de combattants qui attendent fébrilement l’issue du combat, prières et suppliques des chevaliers emprisonnés dans leur prison dorée … quelque chose comme un récit des origines – dans lequel nous retrouvons les figures classiques du « prêtre », du « chevalier » et du « paysan » … quelque chose comme un « Mahabharata » des temps modernes, avec des héros – des hérauts – « en chair et en os », qui mènent, en notre nom, des combats « sacrés » …
Manifestement, il y a dans le débat quelque chose comme une romance qui, au gré des alternances, cède la place à d’ amères ballades, dans lesquelles ceux que nous avons élus, ceux que nous avons « aimés » (puisque nous leur avons donné notre « voix »), se plaignent que nous ne les aimions plus (La fable du représentant amoureux » / La « valse à mille temps » )
Bien sûr … les adjectifs que j’ai cités sont souvent utilisés dans un contexte de dénégation : l’« irréel », l’«irrationnel », « ce n’est pas nous, ce sont les autres ! » . C’est forcément l’autre qui se fait des illusions – et, encore plus grave – qui crée de l’illusion en faisant une « politique du paraître et de l’incantation », une « politique du virtuel »….
Bien sûr … c’est l’auteur qui a inventé la « fable du représentant amoureux » … et qui s’est permis une transcription – que certains trouveront peut-être un peu osée et d’autres, un peu « tirée par les cheveux » (Que la fée Morgain me pardonne cette expression, elle qui – nous dit la légende – les a amples et forts jolis !) …
Mais si … au-delà des propos de circonstances, au-delà des effets de tribune recherchés, au-delà du caractère polémique manifeste de certaines interventions, l’imaginaire flamboyant des députés ouvrait – à qui admet que des récits irréels puissent dire quelque chose de la réalité, quelque chose de plus que la réalité – tout un espace de questionnement …
Mais si … le député, parlant de nous, de nos problèmes, de nos espoirs, parlait en même temps de lui ? …
Mais si … le député, parlant de lui-même, parlait en même temps d’autre chose … et si l’Assemblée n’était elle-même qu’une gigantesque métaphore … quelque chose comme un mythe, une allégorie ? …
Mais si … arrêtant notre regard sur le fonctionnement de l’Assemblée, nous ne pouvions saisir qu’une ombre, l’ombre de quelque chose qui nous échappe, mais que nous n’aurions aucune chance de percevoir s’il n’y avait pas cette caverne, cette ombre … la « nation » ? …