Un député dit :
« Nous sommes tous dans cet hémicycle des représentants, des témoins et des avocats de la France réelle. »
D’autres disent : « Nous sommes … »
… des « représentants » …
(« Mon appel … c’est celui d’un des représentants d’hommes et de femmes blessés, lassés, inquiets […] » )
… des « témoins » …
( « Je voudrais d’abord apporter ici le témoignage d’un citoyen récemment élu après une campagne d’écoute longue et patiente […]. Cette campagne nous a permis de rencontrer des milliers de personnes très diverses. » )
… des « avocats » …
L’avocat … celui qui «fait valoir les droits» …
… celui qui «plaide»
(« J’ai essayé, avec une délégation d’élus de mon département, de plaider en faveur des zones rurales »)
celui qui «prend la défense» …
(« Nous, nous préférons prendre la défense de ceux qui sont les victimes. »)
D’autres encore disent :
« Nous sommes … »
… des « interprètes »
(« Je tiens à me faire l’interprète de l’émotion que nous avons tous partagée face au drame qui, cet été, a endeuillé de nombreuses familles [il est question de la canicule de l’été 2003]. »
… des « relais » …
(« En ma qualité d’avocat, je me dois maintenant de relayer la requête qui vous a été adressée par […] »)
… des « intermédiaires » …
( « Monsieur le ministre, merci d’avoir entendu les Français et de nous avoir compris, nous, les élus, qui sommes leurs relais et leurs intermédiaires. »)
… des « traits d’union » …
( « Vous savez par expérience combien les parlementaires peuvent être des traits d’union entre les Français et leur gouvernement. »)
… des «porte-parole» …
(« Le drame que ressentent ces personnes [il s’agit de licenciements économiques] , nous avons aussi le droit de le comprendre, de l’exprimer, de le vivre et de nous en faire les porte-parole dans cet hémicycle ! »)
Le député est celui qui est « chargé de dire » …
( « Ce soir mes voisins et mes amis m’ont chargé de vous dire que […])
… et, parce qu’il est « chargé de dire », il lui est, en quelque sorte, impossible de « passer sous silence » ce qu’on lui a dit de dire …
( « En tant que député d’Alsace, je ne saurais passer sous silence le dossier des Alsaciens-Lorrains. »)
… il est tenu de « dire » …
… de « faire part » …
(« Qu’il me soit permis, tout simplement, de faire part dans cette noble assemblée, de ce que j’ai entendu pendant la campagne électorale. »)
… d’ « attirer l’attention sur » …
(« Cet amendement a pour but d’attirer l’attention du Gouvernement sur la situation des veuves. »)
Dans cette gigantesque « messagerie » qu’est l’Assemblée…
… le député « transmet » …
… il « fait suivre » …
… il « fait passer » …
(« Le message que je voudrais essayer de faire passer à la représentation nationale »)
… le « message » dont il a été le premier destinataire.
Le député est celui qui parle «au nom de» …
… il est celui qui « se fait l’écho de » …
« Je voudrais me faire l’écho de la colère des personnes que j’ai reçues dans ma permanence, pas plus tard que vendredi dernier. »
« Je me ferai l’écho d’un groupe de travail constitué d’entrepreneurs lorrains […] »
« En nous faisant l’écho des revendications du monde HLM, nous pensons sincèrement permettre que soient apportées des réponses concrètes aux attentes exprimées. »
« On a aussi le droit [ c’est un député de l’opposition qui parle] de se faire l’écho de tous les mouvements qui refusent les projets antisociaux qui nous sont actuellement présentés. »
… et c’est ainsi que l’Assemblée se fait « caisse de résonnance » de la « société française d’aujourd’hui »
Mais, disent certains – ceux qui sont dans l’autre camp … ceux qui ne « fréquentent » pas « les mêmes Français » ! (« Je crois que nous ne fréquentons pas les mêmes Français, chers collègues de l’opposition ! » ) – …
… le député peut-il être seulement – principalement – un « réceptacle » ? …
(« Élus de proximité par définition, nous devenons le réceptacle de toutes les craintes, de toutes les peurs, de tous les mécontentements. »)
… le député peut- il être seulement – principalement – un « relais » ? …
mais alors, il est le «relais» de qui ? de ceux qui ont voté pour lui ? de tous les habitants de sa circonscription ? des «groupes de pression» et autres «lobbies» ? (« Vous vous faites ici le relais d’intérêts qui sont odieux aux yeux de ceux qui ont en charge la santé publique. »)
… le député peut-il être seulement – principalement – l’ « avocat » de ses « mandants » ? …
au risque de devenir leur « fondé de pouvoir »
(« – Un député de droite. Et à ceux qui, aujourd’hui, nous accusent d’enrichir les riches…
– Un député de gauche. C’est vrai ! Vous êtes leurs fondés de pouvoir ! »)
ou l’un de leur « missi dominici » ( littéralement :« les envoyés du maître ») !
( « En réalité [c’est un député de gauche qui parle], vous ne pensez pas par vous-mêmes, vous prêtez votre voix au président du MEDEF et consorts. […] Vous êtes l’un de leurs « missi dominici » ! »)
… le député peut-il être seulement – principalement – un « porte-parole » ? …
au risque de devenir « porte-plume » !
« – Un député des Verts . Vous vous mettez en quatre pour satisfaire les revendications des plus extrémistes des chasseurs,…
– Député de droite 1. Et alors ?
– Député de droite 2. C’est une bonne chose !
– Député de droite 3. Si vous l’aviez fait, nous n’en serions pas là !
– Le député des Verts. Vous vous vantez d’avoir rétabli le dialogue avec les chasseurs, mais je crois que vous êtes surtout leur porte-plume.
– Le rapporteur. Oh ! »
[ Voir contexte / à propos des chasseurs]
http://www.assemblee-nationale.fr/12/cri/2002-2003-extra/
20031030.asp#PG1
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