01_le rural, une « force tranquille » ?

 

 

La France de mai 81 est une France tranquille. Fille du Front Populaire et – peut-être ?- de mai 68, elle n’en épouse pas les enthousiasmes.
Si le peuple de Paris se rend à la Bastille, ce n’est pas pour y mettre le feu, mais pour y écouter de la musique.

« La surprise de mai-juin 1981, écrit Serge SUR, tient dans la facilité de l’alternance. […] Dès lors que l’alternance était possible, elle devenait facile, c’est-à-dire inévitable dans son déclenchement et irrésistible dans son aboutissement. »
Si la France est paisible, le monde l’est moins.
Les Chinois viennent de condamner à mort la  » bande des quatre  » et le souvenir de ces accès de fanatisme s’estompe à peine que la révolution iranienne bouscule non seulement la vie quotidienne des Iraniens, mais aussi les rapports de force mondiaux : la guerre contre l’Irak provoque un deuxième choc pétrolier.
La prise des otages américains est ressentie aux USA comme une gifle . Comme pour se rassurer, les Américains élisent Reagan à la présidence. L’ambition de ce dernier est de mettre au pas l’Iran et de stopper l’expansion des Soviétiques.
Cela fait deux ans en effet que l’URSS occupe militairement l’Afghanistan et, si elle n’a pas eu besoin de rééditer le coup de force de Kaboul pour mettre au pas les syndicalistes polonais, l’été polonais débouche sur un hiver des plus sombres.
Dans ce contexte, les négociations sur le désarmement piétinent et l’OTAN a décidé de riposter au SS20 soviétiques en installant les fusées Pershing sur le continent européen.
L’Europe a de la peine à surmonter ses contradictions.
En avril 1980, le Conseil européen de Luxembourg, confronté à l’intransigeance britannique, s’est soldé par un échec. Pour que celui-ci ne soit pas irrémédiable, le Conseil a donné mandat à la Commission pour faire des propositions. Depuis lors, la relance de l’intégration européenne est à l’ordre du jour, ainsi que la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC).
En matière agricole, les perspectives ne sont pas bonnes : dès cette époque, la Commission fait état d’excédents et prévoit des mesures radicales ( il est question, en particulier – et nous en reparlerons – d’instaurer des quotas sur les produits laitiers.) ; mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre !
Les préoccupations monétaires ont provoqué un rapprochement franco-allemand. Depuis 1978, un « serpent monétaire » lie entre elles les monnaies de plusieurs pays. C’est en quelque sorte un parapluie qui devrait protéger le franc, dont l’équilibre est fragile face à la « flambée du dollar » et à la hausse des taux d’intérêt qui ont atteint, aux Etats-Unis des taux « absurdes ». Mais c’est aussi une contrainte car les décisions relatives à la monnaie doivent être concertées et, compte tenu du déséquilibre de l’économie française par rapport à l’Allemagne, la France, dès avant l’arrivée de la gauche, n’est pas du tout en position de force.
En effet, les indicateurs économiques, en ce début d’année 1981, ne sont pas bons : la hausse des prix a été de +13 % en 1980; le nombre des demandeurs d’emploi dépasse le million et demi et l’INSEE « prévoit une forte augmentation des demandeurs d’emploi au premier semestre 1981 ».
Cet environnement contraste avec le ton assez morne de la campagne électorale. « Partie de trop loin avec des candidats trop connus, la campagne présidentielle de 1981 s’est déroulé sans passion, voire dans un certain climat de lassitude. Tout semblait avoir été dit, et même le résultat apparaissait, aux yeux de la plupart des commentateurs, joué d’avance » ( Thierry PFISTER [ii])

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