04_les impatients et les mutants

Les choses avaient pourtant bien commencé.
En matière agricole, les socialistes avaient un programme : la « nouvelle politique agricole ».
Ils étaient en nombre pour défendre cette politique, qui leur semblait tout à fait en phase avec les autres projets d’alternance.
La ministre, elle-même, était de leur bord.
Mais dès le premier grand débat de politique agricole, le débat sur les offices d’intervention par produits, la machine s’est enrayée . L’une des pièces maîtresses de cette nouvelle politique – le « quantum » a disparu.
On pourrait dire, sans laisser de trace, car la bataille sur les politiques différenciées de prix et de revenus avait un côté plus symbolique que normatif : il s’agissait d’un amendement de principe. Histoire de dire qu’ils n’avaient pas oublié d’où ils venaient et ce que l’on attendait d’eux.
Le débat sur le budget agricole (fin 2002/ c’est toujours Edith Cresson qui est ministre de l’Agriculture … pas pour longtemps, la FNSEA veut lui faire la peau !) va permettre à ces croisés d’une agriculture nouvelle de faire le point avec la ministre.
D’entrée de jeu, Martin MALVY, rapporteur spécial, avait prévenu « Madame le ministre de l’agriculture » que le débat ne sera pas facile :
« Au cours du long débat qui va suivre, vous aurez l’occasion..d’entendre s’exprimer un grand nombre de doléances et de plaintes : formulées de façon discrète, quand elles émaneront de membres de votre majorité, mais de façon excessive sans doute, quand elles viendront de l’opposition. »
Mais,  » il faut souhaiter, ajoute-t-il, que l’apaisement des passions permette d’apercevoir une évidence : les orientations mises en œuvre par le Gouvernement répondent à des préoccupations identiques à celles des agriculteurs; seules l’écume des mots et les querelles de personnes empêchent parfois de s’en apercevoir. »
Pour qui se plonge dans le débat en question, les choses ne semblent pas aussi simples.
Que constatons-nous ?
D’abord, certains intervenants ont quasiment disparu (et, pour certains d’entre eux, cette disparition est définitive, bien au-delà de la législature).
Ensuite, la forme même des discours a changé. Ceux de 1881-82 étaient structurés, à partir de priorités bien définies et reconnues par tous ( les députés socialistes), chacun intervenant sur l’une ou l’autre de ces priorités, sans interférer avec les autres collègues du groupe. Aujourd’hui, chaque intervenant met en avant ses priorités – ou ses interrogations sur les priorités – sans se soucier de la cohérence d’ensemble.

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