II-06_un débat sur « les véritables origines du fascisme »

« Ce qui est honteux, c’ est de faire croire que les racines du fascisme sont à droite alors qu’elles sont à gauche. » [BRIANT/FN]. De nouveau [voir II-05] une excroissance du débat. Mais, cette fois-ci, le sujet est davantage digne d’intérêt, puisqu’il s’agit d’un débat – impromptu – sur « les véritables origines du fascisme ». Débat lancé par le FN.

1. Le fil du débat (les « amalgames »)

21 députés sont mentionnés dans le Compte rendu comme ayant participé à ce moment du débat – ne serait-ce que par des exclamations. C’est dire l’importance que les députés de tous bords ont accordé à cet échange.
La raison d’être de ce rétro-journal 86-88 n’étant pas de démontrer mais de montrer, de donner à voir – à lire – je m’en vais publier l’intégralité de l’échange.
Mais auparavant, il convient de fournir quelques repères au lecteur.

Tout est ici affaire d’« amalgames » – le mot est repris plusieurs fois dans le texte ( parfois – sous une forme atténuée -il est question d’ « assimilation »)
Les deux mots donnent lieu à des parties de « ping-pong » telle que celle-ci :
« – J’ ai entendu des assimilations qui n’ont rien à voir avec la vérité historique. Tenter d’assimilerle parti socialiste à Marcel Déat ou le parti communiste à Jacques Doriot. ..
– Et le Rassemblement national à Mussolini, c’est plus normal ? »

Premier « amalgame » :
Front national et fascisme

AUROUX -qui fut  ministre sous MITTERRAND – déclenche les hostilités (il faut dire qu’il était soumis à de violentes attaques de la part des députés frontistes) :
« Je voudrais savoir pour quel moment vous me réservez le supplice de l’huile de ricin, auquel recourait Mussolini dans l’Italie fasciste. »
Les députés Front national refusent toute assimilation à Mussolini ou aux « députés d’une autre époque »qui se sont compromis avec le fascisme :
« Nous, nous avons été élus par le suffrage universel. Nous n’avons rien à voir avec les thèses fascistes . »

Deuxième  « amalgame » :
Mussolini et socialisme

« Mussolini était socialiste ! » s’exclame un député FN qui reviendra à la charge plus tard dans le débat : « Benito Mussolini  était instituteur socialiste avant de devenir le patron du grand journal socialiste, l’Unita ».
Et -comme si cela ne suffisait pas à la démonstration :
« On a pu observer, par ailleurs, que les actions de Benito Mussolini, dans le domaine industriel par exemple – étatisation et constitution de groupes énormes – se rapprochent singulièrement de perspectives industrielles qu’à voulu imposer M . Chevènement au pays quand il était au Gouvernement. »
Riposte d’un député PS : « Mussolini ce n’était pas le national-socialisme sans doute ! »

Troisième  « amalgame » :
Déat et les socialistes

BRIANT [FN] – en se référant à « un livre du Club de l’Horloge qui s’intitule « Socialisme et fascisme : une même famille«  » – affirme : « Ce qui est honteux, c’est de faire croire que les racines du fascisme sont à droite alors qu’elles sont à gauche. »
Pour preuve :
« Les seuls partis français authentiquement fascistes et favorables à la collaboration avec l’ennemi nazi sur notre sol avaient été fondés, l’un [Parti populaire françaispar Doriot, communiste [voir quatrième « amalgame »] et l’autre[Rassemblement national populaire par Marcel Déat, professeur socialiste. »
Riposte des socialistes :
« Par son intervention, M. Briant a montré ce soir qu’il était l’héritier direct de M.Xavier Vallat qui s’est ignominieusement illustré dans le débat d’investiture de Léon Blum. »
« La vérité historique est que ce sont ces partis-là [PC et SFIO] qui ont payé le plus lourd tribut à la Résistance et se sont engagés les premiers dans celle-ci. »

Quatrième  « amalgame » :
Doriot  et les communistes

BRIANT, nous l’avons vu, insiste sur l’appartenance de D Doriot au PCF (« Doriot, communiste, rival malheureux de Maurice Thorez »), laissant entendre que l’ensemble des communistes serait impliqué dans cette dérive fasciste.

Riposte des députés communistes :
« C’est la première fois, dans cette assemblée, que j’ai entendu assimiler d’une manière scandaleuse le traître Doriot au parti communiste français tout entier. »
« Cet amalgame de Doriot, le traître, avec le parti des fusillés est honteux et intolérable. C’est scandaleux. »
« Les propos de M . Briant sont une insulte à tous ceux qui sont morts pour la défense de la France » (un autre député fera référence à « ces bancs » de l’hémicycle « qui portent les

Je citerai deux autres « amalgames » d’une autre nature – mais révélateurs de la conception que les députés se font de l’Histoire.
– l’amalgame entre la Résistance et les guerres coloniales :
« Ma famille a déjà payé un lourdtribut : mon jeune frère de dix-huit ans en Algérie, mon cousin germain en Indochine contre les Viets . » [BACHELOT]
– l’amalgame entre fascisme et communisme soviétique:
« C’ est vous [les communistes] les fascistes ! Parlez-nous des goulags ! Parlez-nous des asiles psychiatriques Parlez-nous de l’Afghanistan ! Vous manquez de pudeur ! » [le même]

Le lecteur qui s’aventurera dans la « scénographie » va assister à de nombreuses  passes d’armes

Sur le Front populaire :

-Un député PS. il y aura cinquante ans demain, Léon Blum était investi président du conseil.(Exclamations sur les bancs du groupe Front national (R.N.] sous les crachats et les invectives de ceux qui commençaient à répéter : « Plutôt Hitler que le Front populaire. » Nous constatons, aujourd’hui, que l ‘ histoire a tendance à se répéter et que, du même côté, viennent toujours les mêmes insultes.
Un député RPR. Scandaleux !  […]
– Un député frontiste. Qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain ?
[…]
Un autre député PS.  Je dois dire que du point de vue de la défense de la République, du réarmement de la France à partir du Front populaire, comme de l’action des socialistes à partir de 1940, nous n’avons rien à nous reprocher .»

Sur la Résistance

-Un député PC [RIGOUD]. L‘incident qui s’est produit ce soir est d ‘ une gravité exceptionnelle pour tous les députés, notamment pour ceux qui ont combattu pour la France. 
– Un député FN. Vous aviez quinze ans !
[Plus tard dans le débat]
-Le député PC. L’homme qui vous parle n’avait pas quinze ans quand il s’est engagé dans la Résistance. Et nous n’étions pas seuls dans le combat. II y avait les gaullistes, les communistes . ..
– Le député FN. II y avait mon oncle, toute la famille ! […]
-Le député PC. … les socialistes, les chrétiens, ceux qui ne croyaient pas.
-Un député RPR. ]. En quelle année les communistes ?

(Selon le contexte, certains intervenants – en particulier, lorsqu’il s’agit d’une simple exclamation sont anonymés : ce qui importe, ce n’est pas le nom de l’intervenant, mais que cela ait été dit sur tels ou tels bancs de l’hémicycle.
Il faut, à ce propos saluer le travail des sténotypistes de l’Assemblée ainsi que celui des rédacteurs qui reconstituent le plus fidèlement possible non seulement le texte des interventions mais aussi l’ambiance.
Le lecteur retrouvera cependant en fin de chronique sous la rubrique « par ordre d’entrée en scène ».) le nom des anonymés.)

2. scénographie
(intégrale/ à partir du Compte rendu/ séance du 2juin 1986)

Scène 1
Mussolini/ le supplice de l’huile de ricin

M. Jean Auroux [PS 1]. Je voudrais dire ..
M. François Bachelot [FN 1]. Taisez-vous, vous êtes nul ! […] Il y a trois millions de chômeurs !On n’a pas le droit d’avoir un tel manque de pudeur ! C’est lamentable ! […]
M. Jean Auroux .Par ailleurs, les attaques personnelles venant de votre côté m’honorent.
M. François Bachelot . C’ est réciproque !
M. Jean Auroux. Je voudrais savoir pour quel moment vous me réservez le supplice de l’huile de ricin, auquel recourait Mussolini dans l’Italie fasciste . (Vives exclamations sur les bancs du groupe Front national [R.N.].) […]
M. Yvon Briant [FN2] . Mussolini était socialiste ! (Exclamations sur les bancs des groupes socialiste et communiste.)
M. François Bachelot. Il ne le savait pas !
M. Ronald Pardomo [FN 3]. Mussolini était aussi instituteur ! Qu’il apprenne l’histoire avant de parler !
M. Jean Auroux. Je souhaiterais que les délégués du personnel … (Exclamations sur les bancs du groupe Frontnational [R.N.]. – Bruit.)
M. le président. Je vais suspendre la séance pendant dix minutes.

Scène 2
Mussolini (bis) et le « Club de l’horloge »

M. Yvon Briant. Une fois dans la soirée je veux répondre. Je demande à M . Auroux de se reporter à un livre du Club de l’Horloge qui s’intitule « Socialisme et fascisme : une même famille » . (Exclamations sur :es bancs du groupe socialiste.)
M. Jean Auroux. Vous êtes du Club de l’Horloge ?
M. Yvon Briant. Il aurait ainsi l’occasion de se remémorer quelques évidences historiques. Par exemple, Benito Mussolini, qu’il nous a infligé tout à l’heure (Nouvelles exclamations sur les bancs du groupe socialiste) …
Député PS 2 [« Monsieur C. »] . Et voilà !
M . Yvon Briant. … Benito Mussolini – monsieur C., vous avez beau vociférer c’est pourtant la vérité – était instituteur socialiste avant de devenir le patron du grand journal socialiste, l ‘ Unita . (Vives exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
Député PS 2 C’est incroyable !
Député PS 3. Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre !
M. le président. Je vous prie de conclure, monsieur Briant.
M. Yvon Briant.. Je termine, monsieur le président.
M. le président . Ne vous éloignez pas trop du texte !
Député PS 4. Mussolini ce n’était pas le national-socialisme sans doute !
Député PS 2. M. Briant est un provocateur !
M. Yvon Briant. Ils ne veulent pas entendre la vérité . Cela les dérange I
Député PS 5 [COFFINEAU]. Pas du tout !
M. Yvon Briant. Alors laissez-moi terminer ! On a pu observer, par ailleurs, que les actions de Benito Mussolini, dans le domaine industriel par exemple – étatisation et constitution de groupes énormes – se rapprochent singulièrement – monsieur Coffineau je comprends que vous vous dressiez -…
Député RPR 1. Assis Coffineau !
M. Yvon Briant.. . . .de perspectives industrielles qu’à voulu imposer M . Chevènement au pays quand il était au Gouvernement. (Applaudissements sur les bancs des groupes Front national /R.N.], du R.P.R. et U.D.F. – Exclamations sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président. Veuillez terminer, monsieur Briant.

Scène 3
Doriot et Déat

M. Yvon Briant. Je dirai pour terminer, monsieur le président, que les seuls partis français authentiquement fascistes et favorables à la collaboration avec l’ennemi nazi sur notre sol avaient été fondés, l’un [Parti populaire françaispar Doriot, communiste, rival malheureux de Maurice Thorez, (Vives protestations sur les bancs des groupes communiste et socialiste). .. Mais oui !
Député PS 2. Vous êtes le petit-fils du colonel de La Roque !
M. Yvon Briant. ….et l’autre [Rassemblement national populairepar Marcel Déatprofesseur socialiste . (Nouvelles et vives protestations sur les bancs des groupes communiste et socialiste.)
Une député communiste.  Fasciste !
M. le président. Vous avez terminé, monsieur Briant.
M. Yvon Briant. Je voudrais terminer ! Regardez-les. Voilà ce que provoque la vérité dans cette enceinte . (Exclamations sur les bancs des groupes communiste et socialiste.)
Député PS 6.  Il faut quitter la séance !
Député PS 4. Nous n ‘ allons pas recommencer la séance de Pasqua l’autre jour. Une fois cela a été bien suffisant. Deux fois c’est trop . (De nombreux députés des groupes socialiste et communiste quittent leurs bancs.)
M. le président. Monsieur Briant, vous n’avez plus la parole.
M. Yvon Briant. Voilà comment vous supportez la vérité, messieurs. C’ est lamentable !
M. le président. Vous avez épuisé votre temps de parole, monsieur Briant. 
Député RPR 1. Il a été interrompu tout le temps !
M. Ronald Perdomo [FN 3]. Ils ignorent l’histoire et ils ne veulent pas l’apprendre !

Scène 4
rappel au règlement [PC]
« L’amalgame de Doriot, le traître, avec le parti des fusillés est intolérable. »

M. Bernard Deschamps [PC 1].Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M . Bernard Deschamps, pour un rappel au règlement.
M. Bernard Deschamps. Monsieur le président, mesdames, messieurs, devant ces bancs qui portent les plaques de certains de nos collègues, victimes du nazisme et du fascisme, il est tout à fait intolérable . ..
M . Marcel Rigout [PC 2]. Et honteux !
M. Bernard Deschamps. . .. d’entendre ce soir un panégyrique du fascisme et de Mussolini . (Vives protestations sur les bancs du groupe du Front national /R.N.)
M. Yvon Briant. Ces propos sont honteux ! Ce n’est pas ce que j’ai dit !
M. François Bachelot [FN 1]. Vous avez moins de scrupules avec le goulag ! Vous avez moins de scrupules avec Sakharov !
M. Bonald Perdomo [FN 3].  Et les camps de concentration soviétiques !
M. Bernard Deschamps. C’est absolument intolérable . Je le dis au nom d’un groupe qui a perdu 75 000 de ses camarades pendant la Seconde guerre mondiale. J’émets d’ailleurs toute réserve quant aux suites que nous pourrons donner à cet incident.
M. Yvon Briant. Ce qui est honteux, c’est de faire croire que les racines du fascisme sont à droite alors qu’elles sont à gauche. Voilà la vérité ! (Protestations sur les bancs des groupes communiste et socialiste.)
M . Marcel Rigout [PC 2].. Cet amalgame de Doriot, le traître, avec le parti des fusillés est honteux et intolérable. C’est scandaleux.

Scène 5
rappels au règlement [PS ]
Blum/ Vallat/ Pétain

M . Michel Coffineau [PS 5] . Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M . le président. La parole est à M . Michel Coffineau, pour un rappel au règlement.
M . Michel Coffineau. Pour examiner la suite à donner à de tels propos, notre groupe demande une suspension de séance de trois quarts d’heure.
M . le président. Je vous accorde un quart d’ heure.

M . Gérard Collomb [PS 2]. Je demande la parole pour un rappel au règlement. 
M . le président. La parole est à M . Gérard Collomb, pour un rappel au règlement. 
M . Gérard Collomb . Monsieur le président, mes chers collègues, il y aura cinquante ans demain, Léon Blum était investi président du conseil.(Exclamations sur les bancs du groupe Front national (R.N.].
Député RPR 2 . Et voilà, c’est reparti !
M. Bonald Perdomo . Il refait l’ histoire, maintenant ! 
M. Gérard Collomb . … sous les crachats et les invectives de ceux qui commençaient à répéter : « Plutôt Hitler que le Front populaire . » Nous constatons, aujourd’hui, que l ‘ histoire a tendance à se répéter et que, du même côté, viennent toujours les mêmes insultes.
Député RPR 3. Scandaleux !
M. Gérard Collomb . Par son intervention, M. Briant a montré ce soir qu’il était l’héritier direct de M.Xavier Vallat. ..
M. Yvon Briant. Continuez !
M. Gérard Colomb. …  qui s’est ignominieusement illustré dans le débat d’investiture de Léon Blum. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. Bonald Perdomo. Qui a voté les pleins pouvoirs à Pétain ?
M. Yvon Briant. Qu’est-ce que cela a à voir avec un rappel au règlement ?

Scène 6
rappel au règlement [PC]
RIGOUT demande à BRIANT de faire des excuses

M . Marcel Rigout [ PC 2 ]. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M . le président. La parole est à M. Marcel Rigout, pour un rappel au règlement.
M . Marcel Rigout. Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, l’incident que nous avons connu il y a quelques minutes est d’une gravité exceptionnelle.
Député RPR 2. Tiens !
M . Marcel Rigout. C’est la première fois, dans cette assemblée, que j’ai entendu assimiler d’une manière scandaleuse le traître Doriot au parti communiste français tout entier.
M. François Bachelot et M. Vvon Briant [FN]. Et pourtant !
M. Vvon Briant. L’ histoire parle de Doriot, pourquoi n’ en parlerait-on pas ?
M. Marcel Rigout. Pourtant ? L’homme qui vous parle n’avait pas quinze ans quand il s’est engagé dans la Résistance. Et nous n’étions pas seuls dans le combat. II y avait les gaullistes, les communistes . ..
M. Ronald Perdomo [FN 3]. II y avait mon oncle, toute la famille !
La députée communiste. Soyez respectueux !
M. Pierre Descaves [FN 4].  . On ne parle pas de vous, monsieur Rigout !
M. François Bachelot.. Vous n’êtes pas Doriot !
M. Marcel Rigout. … les socialistes, les chrétiens, ceux qui ne croyaient pas.
Député RPR 4.. En quelle année les communistes ?
M. Marcel Rigout. La Résistance n’appartient à personne. ..
Député FN 5. C’est vrai !
M. Marcel Rigout. … mais je ne peux pas accepter les propos de M . Briant qui sont une insulte à tous ceux qui sont morts pour la défense de la France . (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste.) C ‘est la raison pour laquelle, je vous prie, monsieur le président, de demander à M . Briant de présenter ses excuses
M. Yvon Briant. C’est ça !
M. Marcel Rigout. …  envers tous ceux qui ont combattu pour l ‘ honneur de la France.

Scène 7
BRIANT refuse de faire des excuses et s’en prend au Front populaire

M. Vvon Briant. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M . Yvon Briant, pour un rappel au règlement.
M. Yvon Briant. Monsieur le président, je suis désolé ; je ne présenterai naturellement pas d’excuses à M . Rigout, mais vous le savez . Tout à l’heure, j’ai simplement voulu indiquer où étaient les véritables racines du fascisme. M. Auroux nous assimilait à Benito Mussolini . Personne ne s’est levé pour s’en alarmer ! 
La députée communiste. C’ est vous qui en avez parlé.
M. Vvon Briant. Nous répondons simplement par l analyse historique…
Député PS 2. Révisionniste !
M. Yvon Briant.  …à une agression socialiste.
Député PS 2. C’ est la même chose que pour les chambres à gaz !
M. Yvon Briant. Nous aurions d’ailleurs pu ajouter que c’est la chambre élue sous le Front populaire …
La députée communiste. Cela suffit maintenant, revenons au texte !
M. Yvon Briant. …  qui a voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain . Cela aurait pu être la conclusion de ma démonstration . (Applaudissements sur les bancs du groupe Front national R. N.)
Député PS 8. Il aggrave son cas !

Scène 8
rappel au règlement [PC]
demande que le bureau de l’Assemblée nationale soit saisi

M. Marcel Rigout [PC 2]. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M . Marcel Rigout, pour un rappel au règlement. 
M. Marcel Rigout. Monsieur le président, au nom du groupe communiste, je vous demande de bien vouloir saisir le bureau de l’Assemblée nationale de l’incident qui s’est produit ce soir et qui, nous le répétons, est d ‘ une gravité exceptionnelle pour tous les députés, notamment pour ceux qui ont combattu pour la France
M. Ronald Perdomo [FN 3]. Vous aviez quinze ans !
M. le président . II va sans dire, monsieur Rigout, que je saisirai M. le président de l’Assemblée de ce qui s’est passé ce soir.

Scène 9
rappel au règlement[FN]
BERTHELOT dénonce les « ignominieux amalgames »

M. le président. La parole est à M . François Bachelot, pour un rappel au règlement.
M. François Bachelot. Monsieur le président, je ne suis jamais intervenu sur ce sujet, mais je vous demande de saisir le bureau de l’Assemblée de ces ignominieux amalgames utilisés …
La députée communiste. Par les vôtres ! Par vous !
M. François Bachelot. … pour désigner mon parti . Je suis, il est vrai, un élu récent, mais je trouve tout à fait scandaleuse cette méthode de l’amalgame que pratiquent depuis deux mois nos collègues et adversaires politiques.
Député PC 2.Qui emploie l’amalgame ?
M. François Bachelot. Monsieur Rigout, je ne vous ai jamais accusé. Ma famille a déjà payé un lourd tribut : mon jeune frère de dix-huit ans en Algérie, mon cousin germain en Indochine contre les Viets . (Exclamations sur les bancs des groupe socialiste et communiste.) C’est une famille de militaires.
La députée communiste. Et alors ?
M . François Bachelot . Je n’en ai jamais fait état. Je vous demande d’écouter mon propos jusqu’au bout. Je voudrais, monsieur le président, que vous signaliez au président de l ‘Assemblée nationale que nous ne pouvons pas accepter d’entendre à chaque séance cet amalgame qui consiste, parce que, à un moment donné, des faits se sont produits dans certains pays, à assimiler des députés qui ont été récemment élus par les suffrages .des Français à des députés d’une autre époque, qui n ‘ avaient pas les mêmes convictions.
Député PC 3. C’est vous qui faites l ‘amalgame !
M. François Bachelot. Le nazisme ou le fascisme se fondaient sur un certain nombre de notions essentielles, en particulier le fait de ne pas respecter le suffrage universel . Nous, nous avons été élus par le suffrage universel. Nous n’avons rien à voir, monsieur Rigout, avec les thèses fascistes . Mes chers collègues, depuis deux mois, je suis injurié, alors que je sers mon pays en tant que cancérologue, et jamais je ne vous ai entendu dire qu’il est honteux de traiter de la sorte un députe Français . J’espère que le président en tiendra compte. (Applaudissements sur les bancs du groupe Front national /R.N.J.

Scène 10
rappel au règlement PS
retour sur le Front populaire

M. Louis Mexandeau [PS 7]. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M. Louis Mexandeau, pour un rappel au règlement.
M. Louis Mexandeau. Monsieur le président, depuis une heure environ que je suis ici ….
Plusieurs députés des groupes U .D.F. et Front national [R .N .] . Ce n’ est pas beaucoup !
M. Louis Mexandeau. Je vous en prie ! …  j’ai entendu des références à l ‘ histoire qui sont étonnantes et, en particulier sur ces bancs de l ‘Assemblée (l’orateur désigne l’extrême-droite de l’hémicycle), des erreurs historiques importantes – mais, malheureusement, ce n’étaient pas les premières. J’ ai entendu des assimilations qui n’ont rien à voir avec la vérité historique. Tenter d’assimiler le parti socialiste à Marcel Déat ou le parti communiste à Jacques Doriot. ..
M. Yvon Briant. Et le Rassemblement national à Mussolini, c’est plus normal ?
M. le président . Monsieur Briant, je vous en prie ! Vous n’avez pas la parole !
M. Louis Mexandeau. … ne fait pas avancer la connaissance historique, quels qu’aient été les convictions ou les engagements de jeunesse de tel ou tel . La vérité historique, et M . Rigout l’a rappelé, est que ce sont ces partis-là qui ont payé le plus lourd tribut à la Résistance et se sont engagés les premiers dans celle-ci . (Exclamations sur les bancs du groupe Front national /R.N.J).
M. Ronald Perdomo [FN 3]. A quelle date ?
Député FN 4… Vous oubliez d’Estienne d’Orves [royaliste officier de marine français et martyr de la Résistance]

M. Louis Mexandeau . Je n’ai été irrité qu’ une fois depuis la rentrée parlementaire, lorsque les choses ont commencé à « déraper », c’est-à-dire lorsqu’un ministre de ce gouvernement [PASQUA] s’en est pris à notre parti – et l’on vient de reprendre cette calomnie – . ..
Député RPR 4. Ce n’est pas un rappel au règlement !
Député PS 6. Cela vous gêne !
M . Louis Mexandeau… et au rôle que celui-ci a joué non seulement en 1940 et pendant la Résistance, mais dès 1936. Je dois dire, en tant qu’historien, que du point de vue de la défense de la République, du réarmement de la France à partir du Front populaire, comme de l’action des socialistes à partir de 1940, nous n’avons rien à nous reprocher . Seulement, il est malheureux que ce soit le Gouvernement qui, un jour, ait donné le signal à des débordements historiques. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste.)
M. le président [de séance]. Monsieur Rigout, à votre demande, je saisirai, je le répète, M. le président de l’Assemblée nationale.
Revenons-en à l’examen du projet de loi, mes chers collègues.

Scène 11
le débat a marqué les esprits : les députés reviennent sur le thème des origines du fascisme

M. Guy Ducoloné [PC 4]. Nous avons sur nos bancs, et nous sommes les seuls, des ouvriers et des ouvrières, et nous nous élèverons chaque fois que vous voudrez les injurier, que ce soit M. Bachelot ou tout autre . C’est là le langage du fascisme, et nous ne l’acceptons pas !
M. Albert Peyron . Ca recommence, c’ est inadmissible I On est toujours traités de fascistes dans cette assemblée !
M. Guy DucolonéVous êtes des fascistes I
M. François Bachelot. C’ est vous les fascistes ! Parlez-nous des goulags ! Parlez-nous des asiles psychiatriques Parlez-nous de l’Afghanistan ! Vous manquez de pudeur !
[…]
M. Yvon Briant. Je crois souhaitable de dépassionner un peu ce débat. Hier, j’ai mis en lumière les racines du fascisme . Tout le monde sait aujourd’hui, pour avoir lu les journaux, où se trouvent les véritables racines du fascisme . le crois qu’il n’est pas souhaitable d’aller plus avant 
M. Guy Ducoloné. En démagogie sociale, vous vous y connaissez !
M. Yvon Briant. …  sur ce sujet difficile pour vous, monsieur Ducoloné, et je le comprends. Quant à M. Auroux, il prétendait hier
M. Guy Ducoloné. Les racines du fascisme, on les trouve chez les historiens qui nient l’existence des chambres à gaz !
M. le président. Je vous en prie, monsieur Ducoloné.

Par ordre d’entrée en scène :

FN 1/ BACHELOT 2/BRIANT  3/PERDOMO  4/DESCAVES  5/anonyme
PS 1/AUROUX  2/COLLOMB  3/LE GARREC  4/GIOVANELLI  5/COFFINEAU  6/GOUX  7/MEXANDEAU
PC  1/DESCHAMPS  2/RIGOUD  3/JAROSZ  4/ducoloné
la députée communiste :  Mme Jacquaint
RPR 1/fèvre 2/KIFFER  3/DELMAR/  4/ Ueberschlag