Y a-t-il ENCORE quelque chose à dire sur Front national ? Il est des lieux, des temps où on a l’impression – et la mauvaise conscience ? – que TOUT a été déjà dit. Et pourtant, tel n’est pas mon sentiment. Il est des questions pour lesquelles on est loin d’avoir des réponses satisfaisantes. Pour moi, ces questions tournent autour d’une seule : le Front national a-t-il changé ?
Dit d’une autre façon :
est-ce le FN qui a changé en intégrant des thèmes, des problématiques jadis portés exclusivement par « les autres »- la droite et/ou ou la gauche ?
ou bien est-ce « les autres » qui ont changé en faisant leurs des analyses, des idées jadis portées exclusivement par le Front national ?
Fidèle à ma méthode ( voir les rétro-débats / retraites, laïcité, sécurité, bioéthique et fin de vie, mai 81 ) je m’en vais essayer d’apporter un « rétro-éclairage » sur ces questions. Et cela, comme toujours à partir des débats de l’Assemblée nationale.
L’étude des débats parlementaires présente (au moins) deux avantages :
1. la quasi universalité des thèmes :
tout vient en question, en débat à un moment ou un autre. Ce qui veut dire, dans le cas qui nous occupe, que les députés frontistes vont devoir s’atteler à des thèmes sur lesquels ils n’ont pas forcément l’habitude de s’exprimer ;
2. la diversité des intervenants et des situations :
les 35 membres du groupe ne sont pas tous des anciens du Front national ; plusieurs ont rejoint le parti juste avant les élections. Vont-ils constituer un bloc homogène ? des personnalités vont-elles s’affirmer ( soit par leurs idées, soit par leur façon de participer au débat) ? L’analyse ne portera pas uniquement sur les discours construits ; elle s’attachera à mettre en évidence les instantanés du débat – qui, parfois- en disent autant, sinon plus que les discours bien construits.
Mais l’étude des débats parlementaires présente a aussi les inconvénients de ses avantages : la longueur des débats ( plus de 15.000 pages de Compte rendu) , la complexité du débat d’amendement, les répétitions, etc. C’est à moi – en amont – de démêler tout cela, de donner vie et sens à ce « discours gisant » (j’emprunte l’expression à Pierre Legendre) et d’en rendre compte de la façon la plus claire possible.
La période de référence s’impose : 1986-1988. C’est la seule fois où – grâce à la proportionnelle – le Front national a pu constituer un groupe parlementaire conséquent (35 membres au départ, un peu moins à l’arrivée).
Mon idée est de faire un livre ( si les dieux de l’édition me sont favorables !). Mais, pour l’heure, j’ai décidé de publier sur ce blog le travail en train de se faire (« work in progress » diraient les personnes savantes !) .
Ce qui veut dire qu’au moment où je commence cette publication, je n’ai que de vagues idées sur ce qui m’attend tout au long du parcours.
Ce qui veut dire aussi que la forme n’est pas aboutie (elle évoluera peut-être en cours de route)..
Ce qui veut dire enfin qu’il ne m’est pas possible de mener de front le travail d’analyse des débats et de suivre des fils de discussion sur le blog. De toute façon, il me semble qu’il faut se donner la peine d’emmagasiner un certain nombre de données avant de se lancer dans une exégèse et un débat.
Concrètement, la méthode sera la suivante :
je regrouperai les séances de l’Assemblée en plusieurs séquences correspondant à la dynamique de cette période bien particulière qui est celle de la cohabitation;
à la fin de chaque séquence, je publierai une sorte de résumé ( « point-séquence ») qui pourra servir de base à des commentaires et à des échanges.
Ces points-séquence permettront aussi au lecteur qui ne se sentira pas l’envie de partager avec moi les aléas de la recherche de se repérer … et de partager un bout du long chemin qui nous attend.
PLAN de chaque chronique
Au fond (lignes de force)
Amendements (FN exclusivement)
Ambiances (déroulement du débat)
Paroles échappées du texte (morceaux choisis du « style » F.N.)