Où il est dit que sera inscrit dans la loi ce qui est « légitime », c’est-à-dire ce qui est dit conforme à l’« intérêt général » … mais « où est donc l’intérêt général ? ».
LE PARLOIR DE LA NATION / Errance 3
« Il y va de l’intérêt général. » …31 Mais où est donc l’« intérêt général » ? …33
Donner CORPS à la loi (l’Assemblée comme un alambic)…34
[résumé]
« Il y va de l’intérêt général. »
Les députés emploient souvent une expression fétiche – qui traduit bien l’idée de « musse ». Ils disent : « il y va de » (« Il y va de l’avenir du dialogue social dans notre pays. » … ) […] Et, s’il est vrai – s’il est prouvé – qu’« il y va de l’intérêt général », on dira alors qu’il s’agit … d’un besoin « légitime » ( « ce besoin légitime de sécurité …) […]
Ce faisant – ce disant -, la demande du Tiers a changé de nature. Ce qui n’était, au départ, qu’un « souhait » est devenu « un droit » … « du » droit » … est devenu « le » droit. C’est à ce titre que la demande du TIERS peut – doit – être « inscrite » dans la loi : « Nous voulons inscrire dans le marbre ce qu’on nous a demandé. »
[…]
Encore faut-il se mettre d’accord sur ce qu’est l’« intérêt général ». L’« intérêt général » … est-ce … cette lumière – « inaccessible étoile » [1] – qui éclaire le bout du chemin ? … cette image idéale enfouie au fond d’une caverne fantasmatique ? … cette oriflamme sanguinolente brandie par des combattants sans troupes ?
A moins qu’il ne s’agisse d’une banale affaire de mathématiques : l’« intérêt général » serait alors la « résultante » (d’un rapport de force) … « le reste » (ce qui « reste » quand on a éliminé tous les intérêts incompatibles ou impossibles à satisfaire) ? … « le plus petit dénominateur commun » (ce qui peut être «partagé» … sans rien enlever à qui que ce soit) … « la somme » ( des intérêts particuliers individuels, corporatistes, territoriaux) ?
Non ! Cela ne saurait être : « L’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers », […]
Et pourtant …
Mais où est donc l’« intérêt général » ?
Mais ou est donc l’« intérêt général » … quand « intérêts catégoriels »…« intérêts particuliers » …« intérêts corporatistes »… « intérêts égoïstes » … quand « mondes » et « lobbies montent à l’assaut de la représentation nationale et tentent de « s’imposer au détriment de l’intérêt général » … ?
[…]
Mais ou est donc l’« intérêt général » … quand, telle Sœur Anne du haut de sa tour (« Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? ») …. nous ne voyons au travers des débats que routes qui poudroient et cavaliers « députés-maires », «députés-présidents » portant étendard de leurs « pays », « départements » et « régions », de leurs « villes » et de leurs « hameaux », de leurs « montagnes » et de leurs « rivages », chargés qu’ils sont de multiples et pressantes recommandations de leurs électeurs … ?
[…]
Donner CORPS à la loi
(l’Assemblée comme un alambic)
Et pourtant …seule la notion d’« intérêt général » est capable de « donner corps » à la loi. C’est elle qui permet de dire ce qui doit être « inscrit » dans la loi, « incorporé » à la loi.
[…]
J’ai dit l’Assemblée comme une « messagerie ». Il faudrait aussi dire cette Assemblée comme un centre de tri. Mieux, comme une machine à « extraire » de la masse des revendications particulières et contradictoires ce qui a vocation à figurer dans la loi. Bref, une machine à « distiller » les intérêts en tous genres, pour ne retenir que le brut, l’essentiel, le goûteux, l’efficient. L’Assemblée comme un « alambic », en quelque sorte !
[1] « Aimer jusqu’à la déchirure/ Aimer, même trop, même mal, / Tenter, sans force et sans armure, D’atteindre l’inaccessible étoile/ Telle est ma quête. » (Jacques Brel/ « La quête »)
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