Où il est dit que le député tente de dépasser symboliquement cette contradiction en célébrant, à chaque début de législature, l’ « exigence du RE-nouveau », puis en parcourant, une à une, les quatorze stations de ce que l’un d’eux appelle le « chemin de croix » de la démocratie.
LE PARLOIR DE LA NATION / Errance 12
Un « éternel recommencement » ? 89 Le leitmotiv du « RE » …90
Le « chemin de croix » de l’alternance …91
[résumé]
Un « éternel recommencement » ?
Le temps de l’Assemblée, le temps du débat – qui est aussi le temps de la démocratie – serait-il celui d’un « éternel recommencement » ?
[…]
Dans le quotidien du travail, dans l’ordinaire du discours, les députés ont une façon bien à eux de ( tenter de) résoudre la contradiction entre l’« immédiateté », le « quotidien », – qui enferment le débat dans un temps « court », dénué de toute perspective – et le « temps long » – ce « dépôt vivant », vivifiant, mais qui peut aussi apparaître comme un « éternel recommencement ».
Le leitmotiv du « RE »
Les députés disent – ils ne cessent de dire – que : « l’heure est venue ! » … qu’« il est temps ! » … qu’« il est grand temps » …
… de « re-mettre en état » ( les finances de la France) …
… de « re-mettre la France sur le chemin » (« du développement, de la croissance ») …
[…]
Ils disent – ils ne cessent de dire – que: « l’heure est venue ! » … qu’il « est temps ! » … qu’« il est grand temps » …
… de « re-donner » « à notre pays » « toute sa force et toute sa vigueur » […]
Tel est le leitmotiv du « RE ». Certains diront que cela ressemble fort à une « rengaine ». Pour ma part, je dirai plutôt une « litanie ». Quelque chose comme une célébration du « re-nouveau ». à la façon de ces processions qui, dans la Vendée rurale et catholique de mon enfance, parcouraient, à chaque printemps, les champs pour demander au Dieu tout-puissant de bénir et de protéger les moissons à venir. On y chantait – comme dans notre Assemblée – de longues litanies.
C’est ainsi que chaque nouvelle législature – qu’il y ait alternance ou pas – est vécue comme un nouveau « printemps » de la politique. Le printemps, c’est le temps où « fleurissent » les promesses … où l’on trace le « sillon » … c’est le temps des « semailles » … le temps où ce qui a été et qui n’est plus va pouvoir être à nouveau.
Mais le temps des élections n’est qu’un moment du cycle politique. Il y aura d’autres saisons, d’autres célébrations – moins enthousiastes, mais tout aussi nécessaires. Et, puisque nous sommes entrés en liturgie, je dirai ces autres célébrations à la façon d’un chemin de croix.
Le « chemin de croix » de l’alternance
première station : les sortants tentent de justifier ce qu’ils ont fait …
deuxième station : le « jugement du peuple »
troisième station : l’« ivresse de la victoire »
quatrième station : la litanie du « re … »
cinquième station : la « demande de pardon »
sixième station : l’opposition « prend date »
septième station : l’entreprise de dé-molition
huitième station : la « réforme »
neuvième station : les contraintes
dixième station : impatiences
onzième station : le « principe de réalité »
douzième station : la « sanction » à venir
treizième station : « intermittences » [des députés]
quatorzième station : « 21 avril » /la démocratie au tombeau
D’« errance» en « errance», ce chapitre qui avait pris CHAIR dans des terroirs enivrants, qui nous avait entraînés par la suite dans une « valse à mille temps » prometteuse de VIE et de printemps « ré-générants », se termine avec … une mise au tombeau !
Mais la démocratie connaîtra d’autres « Pâques »[1].
Que de fois – et depuis fort longtemps – penseurs et chroniqueurs n’ont-ils pas diagnostiqué, non seulement la « crise », mais aussi le « déclin », et de la démocratie et de la représentation et du Parlement.
Or, « çà tient »[2].
[1] On peut se référer aux deux sens du mot : 1) dans la tradition du Nouveau Testament, « Pâques » représente, en quelque sorte, la quinzième station du chemin de croix : la sortie du tombeau (ou « Résurrection »). 2) Dans la tradition de l’Ancien Testament, la « Pâque » évoque le moment où le peuple élu quitte la terre d’exode (l’Égypte) en traversant la « Mer morte ».
[2] Expression empruntée à Georges Burdeau.
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