18/de l’alchimie et de la politique (« le grand œuvre » du suffrage universel/HUGO)


Où il est dit que, si l’on veut transformer l’« agglomérat » de citoyens individualistes et quasi dépressifs en un « corps » de citoyens solidaires et éclairés,  cela relève de l’ « alchimie » … encore faut-il trouver la « pierre philosophale » ! 

LE PARLOIR DE LA NATION  / Errance 18

De l’alchimie … 141 La « vile » matière que l’on veut transformer …142
L’« état supérieur »que l’on veut atteindre …144
Le « ferment mystérieux » capable d’opérer la transfiguration …145

[résumé]

De l’alchime

 « La solidarité, l’intégration sont une alchimie » … « Je suis fermement attaché à la laïcité, fruit de l’alchimie de siècles de mûrissement de la société française »

Il est plaisant d’imaginer nos députés, tels des  alchimistes,  enfermés dans des caves secrètes, maniant cornues et alambics, sels et substances diaboliques, tentant obstinément  de « transformer », de « convertir », de « transfigurer »  toute chose – même futile, même nuisible – en or.

Partant de la définition des dictionnaires, nous allons nous poser trois questions :

Première question : de quoi  part-on ?  Quelle est cette « vile » matière qu’il faut « transformer », « convertir », « transfigurer » ?

Deuxième question : Quel est l’objectif ? Quel est cet « état supérieur » vers lequel on veut faire progresser l’ensemble ( la masse ) des individus ?

Troisième question : comment passe-t-on d’un état à l’autre ? Quel est ce « ferment mystérieux », grâce auquel « la désagrégation des corps » «  pourrait être indéfiniment retardée » et qui « pourrait assurer la progression rapide des êtres vers l’état supérieur » ? Quels sont, dans notre matière politique,  ces « métaux nobles » « capables de guérir tous les maux » ?

Quelle est cette « vile » matière que l’on veut transformer ?

[…] « Haine de l’autre », « ghettos », « ségrégation », « discriminations » ( qu’elles soient « raciales, territoriales, professionnelles ou sexistes »), « exclusion(s) », « inégalité(s) », « apartheid social » … « perte de repères » … « souffrance au contact d’une mondialisation qui lui semble étrangère » « consumérisme grognon »( quand « chacun exprime plutôt des insatisfactions que des volontés » et cultive à l’envises « peurs », ses « fantasmes », ses « angoisses ») …  « j’en passe et des meilleures »  (!). C’est là le point de départ de l’action politique, la -« vile » – matière à partir de laquelle se fabrique la loi.

[…]

Quel est cet « état supérieur » vers lequel on veut faire progresser l’ensemble ( la masse) des individus.

« Et qui le sacre citoyen »  [HUGO]

Car tel est cet « état supérieur » que le suffrage universel – et le débat démocratique qu’il engendre – peut permettre d’atteindre. Faire de ce citoyen isolé, atomisé – que nous avons vu déposer dans l’urne son bulletin de vote, après être passé dans le secret de l’isoloir – un citoyen « fraternel » : telle est  «  le grande œuvre »  du suffrage universel.

Extrait du discours de Hugo.

Oui, tel est cet « état supérieur » : le « nouveau citoyen »,  s’étant « senti rehaussé par la confiance sociale », « entre dans la société » « avec une dignité sereine » et- par là-même – est transformé ( se transforme) en un être  « réconcilié, apaisé, confiant, fraternel ». 

[…]

Il s’agit là d’une transformation – mystérieuse, mais réelle, nécessaire – de l’individu. Seule une telle transformation peut, non seulement,  empêcher la « désagrégation » du « corps social », mais aussi, instituer un « corps civique », une « communauté » capable de « se rassembler » et de donner corps, chair, vie, sens au « vivre ensemble ».

Quel est donc ce « ferment mystérieux » capable d’opérer une telle « transfiguration »?

…« l’État » ? …

… « le peuple » ? …

…« le pays » ? …

… « la patrie » ? …

… « la démocratie ? »

… « la laïcité ? » …

… la « République » ? …

… la « nation » ? …

Au terme de cet inventaire […]  faut-il conclure qu’il ne s’agit là que de « mots » … et que ce ne sont pas des « mots » qui nous – « nous » individus et « nous » société – qui nous guériront de tous nos maux ?

Tel n’est pas mon sentiment-  ma conviction.

Je pense qu’il y faut certainement un peu de tout cela – « peuple » … « pays » … « patrie » … « démocratie » … « laïcité » … « République » … « nation »  –  et que les « dosages » peuvent changer selon l’état de notre « corps social » à un moment donné, selon l’endroit où s’arrête le « balancier de l’alternance »[1].

Faire du LIEN  faire de l’UN : une tâche difficile – impossible ? – mais incontournable.

Au-delà de – en partant de – nos vils mensonges, nos peurs, nos desideratas, nos mesquineries, au-delà de – en partant de – cette société « épicière », avec ses « clientèles », ses « maquignonnages », il revient à ceux que nous avons élus ( mais pas seulement à eux), non seulement de nous représenter, de défendre nos intérêts, nos utopies, mais aussi de dire, de faire la nation. L’Assemblée où ils siègent, où ils débattent, où ils votent la loi, elle est ce lieu, ce temps où une multitude d’individus devient une seule personne, ce lieu, ce temps où une multitude de territoires se font pays, nation.

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aperçu

[1] L’expression est de François Mitterrand.